mardi 18 novembre 2008

L'étang 1

Elle alla noyer son chagrin, en larmes et gémissements, près de l'étang qui l'a connue toute petite, les nattes enroulées en couronne au dessus de sa petite tête d'ange.
Ses yeux fixaient le mouvement de l 'eau, dans ses incessantes vibrations et la ronde des souvenirs fit le tour de sa mémoire fragile en un clin d'oeil,
La splendeur de la jeunesse prit possession de son corps et de son esprit et elle se revit pensant du haut de ses 15 ans que tout était possible, qu'elle et sa volonté étaient toutes deux indestructibles.

"Je fus jeunesse, je fus beauté et courage" se disait-elle, ses yeux ne quittant toujours pas l'étang qui mangeait ses pleurs intérieurs et engloutissait en lui son reflet, lui renvoyant en échange une seule et unique image, celle qui l'avait arrachée à sa famille, à tous ces souvenirs amassés précieusement derrière ses paupières humides, Une seule et unique image, qui perdure encore malgré douleurs et tortures:
Son corps en sang et en larmes, battu, éraflé, écorché, tordu de douleur, et ces mains horribles, sales insensibles qui la retenaient au seuil de la porte, à l'écart de la vie elle-même.

Au bord du désespoir, elle s'enfuit......Loin, très loin, loin de tout ce qu'elle connut, jusqu' à ne plus se connaître, jusqu'à l'oubli d'elle même.
Elle s'enfuit,hors de la douleur, loin de la captivité, et pourtant ce jour là elle s'emprisonna réellement, ni le temps ni l'espace ne lui faisaient pénitence, parcequ' elle s'est enfuie!Loin du danger et pourtant au coeur du supplice même elle renaquît!